Elle traite ses affaires
tout au coin de la rue :
peu d'allées et venues,
car elle sait bien y faire.
Cerise bien trop rouge,
ses lèvres bien trop rondes
attirent tout le monde...
enfin tout ce qui bouge.
La pommette savante
les yeux peints sous le fard,
c'est un appel criard
vers les mâles qu'elle hante.
Agaçante, sa tenue :
poitrine batailleuse,
la jambe langoureuse
sur des talons pointus.
Le séant callipyge,
un genou astucieux,
le mollet licencieux :
il est dans le vertige...
Vers elle le regard
du bouc émoustillé,
en un éclair saigné
se pointe comme un dard.
Son épouse agacée
de loin presse le pas,
en chuchotant tout bas :
« Viens vite ! », je suis glacée.
Elle et moi avisâmes
sans gestes, calmement,
juste un consentement,
et puis nous transigeâmes.
Sa bouche était féconde:
mon âme déconfite
en une rage subite
m'explosa hors du monde...
Que voulez-vous, l'immonde
est proche du sublime:
il suffit d'une rime
et tout se dévergonde...
Las !
Le poème érotique
est fait de souvenirs,
ignore les devenirs,
étant loin du cantique.
Décembre 2007